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Congé paternité en Allemagne: une réforme en attente pour les pères

Congé paternité en Allemagne: une réforme en attente pour les pères

L'Allemagne pourrait enfin combler un retard majeur dans la protection des droits parentaux : l'instauration d'un congé paternité. Longtemps débattu, ce congé de deux semaines, appelé "Familienstartzeit", vise à offrir aux pères la possibilité de passer du temps précieux avec leur nouveau-né dès les premiers jours. Pourtant, alors que la directive européenne exigeait sa mise en place depuis 2022, l'Allemagne peine à concrétiser cette avancée. Entre blocages politiques et questions de financement, cette réforme pourrait transformer en profondeur le quotidien des familles. Mais sera-t-elle à la hauteur des attentes?



1. Les droits actuels des pères en Allemagne : un cadre encore limité

1. Les droits actuels des pères en Allemagne : un cadre encore limité

Bien que l'Union européenne ait imposé une directive demandant à ses États membres d'introduire un congé paternité payé de dix jours ouvrables après la naissance d'un enfant, l'Allemagne n'a pas encore concrétisé cette mesure. Le pays devait instaurer cette réforme en août 2022, mais le gouvernement a échoué à respecter cette échéance. En conséquence, un procès pour manquement à cette obligation a été engagé contre l'Allemagne par l'Union européenne.

Jusqu'à présent, les pères allemands n'ont pas de droit automatique à un congé après la naissance de leur enfant, contrairement aux mères qui bénéficient d'un congé de maternité de six semaines avant et huit semaines après l'accouchement, comme le stipule la loi allemande sur la protection de la maternité (Mutterschutzgesetz). Ainsi, les pères doivent encore compter sur la générosité de leur employeur pour obtenir des jours de congé ou recourir à leurs congés payés ou à l'Elternzeit (congé parental) pour rester auprès de leur famille.

Les pères doivent se tourner vers l'Elternzeit, un congé parental qui leur permet de rester à la maison, mais sans rémunération immédiate et sans cadre spécifique pour les premières semaines après la naissance.

L’ Elternzeit peut être prise jusqu'aux trois ans de l’enfant et permet de toucher une allocation appelée Elterngeld, mais ce système est bien différent du congé paternité payé de dix jours ouvrables exigé par l'UE. Pour l’instant, les pères qui souhaitent être présents à la naissance doivent utiliser leurs congés payés ou espérer sur la flexibilité de leur employeur. Si la réforme promise pour 2024 est adoptée, cela marquera un tournant important, car les pères bénéficieront enfin d’un congé spécifique rémunéré dès la naissance, une demande pressante depuis plusieurs années.



2. La question du financement du congé paternité

2. La question du financement du congé paternité

Le principal frein à la mise en place du congé paternité réside dans la question du financement. La coalition au pouvoir, composée du SPD, des Verts et du FDP, s'accorde sur l'importance de ce congé. Cependant, le ministère des Finances, dirigé par le FDP, s'oppose à la proposition selon laquelle les entreprises devraient financer ce congé. Ce modèle, soutenu par le SPD et les Verts, prévoit que les entreprises cotisent davantage au système existant de l'indemnité de maternité, augmentant ainsi leurs coûts d’environ 208 euros par mois pour une entreprise de 100 employés.

Cette divergence a conduit à un blocage législatif. D'un côté, les partisans du projet estiment que la participation financière des employeurs est indispensable pour soutenir les familles. De l'autre, le BDA (Association des employeurs allemands) refuse toute charge supplémentaire pour les entreprises, déjà confrontées à des défis économiques post-pandémiques.



3. Le soutien populaire au congé paternité

3. Le soutien populaire au congé paternité

Malgré ces obstacles politiques, le soutien populaire au congé paternité est bien réel. Une enquête menée par YouGov en 2023, commandée par la Deutsche Presse-Agentur, révèle que 51 % des Allemands soutiennent l'idée que les employeurs prennent en charge ce congé, contre 33 % qui s'y opposent.

Cette adhésion croissante de la population s'explique par l'évolution des mentalités concernant l'égalité des sexes dans le partage des responsabilités parentales. De plus, plusieurs entreprises et associations, dont la société Henkel et l'Association des mères actives professionnellement, ont signé une lettre ouverte adressée au chancelier Olaf Scholz, appelant le gouvernement à accélérer la mise en œuvre de cette mesure tant attendue.



4. Quel impact pour les pères en 2024 ?

4. Quel impact pour les pères en 2024 ?

Si la réforme est adoptée, les pères en Allemagne bénéficieront enfin d'un droit au congé paternité payé pour une durée de deux semaines après la naissance d'un enfant. Cette nouvelle mesure, prévue dans le Mutterschutzgesetz, concernera non seulement les pères biologiques, mais aussi les partenaires de même sexe ou tout autre parent reconnu par la loi, vivant dans le même foyer que la mère.

Le congé paternité proposé prévoit une compensation salariale calculée sur la base des trois derniers mois de salaire avant la naissance, afin d’éviter des pertes financières pour les familles. Ce dispositif, bien qu'encore en phase de négociation, pourrait marquer un tournant décisif pour les jeunes parents en Allemagne, en leur offrant un cadre plus équitable pour concilier travail et vie familiale.

La réforme du congé paternité en Allemagne reste un sujet d'actualité brûlant. Bien que des progrès soient attendus en 2024, des débats politiques intenses autour du financement et des responsabilités des employeurs continuent de freiner sa mise en œuvre définitive. Cependant, avec un soutien populaire croissant et des pressions internationales, cette mesure pourrait bientôt voir le jour, offrant aux pères allemands un nouveau droit précieux pour s'engager pleinement dans la vie familiale dès les premiers jours.

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Jérôme

Jérôme Lecot